9 février 2016
Le prix d’être vert
Le T.E. est un outil de communication dont nous sommes fiers et qui nous démarque des autres organisations de tri. Bien que cela puisse sembler un peu contre nature pour un organisme environnemental de produire une publication papier, nous croyons que notre journal à une plus grande portée ainsi, en se retrouvant dans les bureaux et les salles d’attente, disponible et à la vue de tous. Cela étant dit, ce n’est pas parce nous avons fait ce choix qu’on ne peut pas faire attention. De nos jours, de plus en plus d’options dites écologiques s’offrent à nous. Et pour un organisme comme Tricentris, faire des choix verts fait partie de nos valeurs et la publication du Tricentris Express n’y fait pas exception. Toutefois, ces bons gestes ne sont pas nécessairement les plus abordables.
Vous aurez sans doute remarqué que le T.E. n’arrive pas dans une enveloppe. Ce n’est pas un hasard. Il a été conçu de façon à servir lui-même de support pour la distribution postale et ainsi, diminuer notre consommation de papier en n’utilisant aucune enveloppe. Mais saviez-vous que ce format ne peut suivre le même chemin que les enveloppes normales et exige d’être traité manuellement au bureau de poste? Pour ce faire, chaque T.E. doit être affranchi d’un timbre valant 1,80 $, au lieu d’un timbre régulier à 0,85 $. Donc, avec 600 exemplaires par numéro et six parutions par année, ce choix représente à lui seul 3 420 $ de plus annuellement. Alors qu’il ne nous en coûterait que 72 $ pour 3 600 enveloppes vierges. Bon, plutôt 180 $ puisque nous opterions pour des enveloppes faites de papier recyclé.
Parce qu’évidemment, il y a aussi un prix à payer pour imprimer sur du papier à 100% recyclé. Une caisse de 5 000 feuilles de papier Enviro 100, produit ici, au Québec, vaut une cinquantaine de dollars. Ce n’est qu’un sous par feuille. Malheureusement, c’est encore plus élevé que le papier vierge. Ce dernier provient majoritairement de l’Amérique du Sud et, avec un climat favorisant la croissance des arbres, des coûts de transformation moindres et des normes environnementales différentes d’ici, il se vend environ 40% moins cher. Au bilan, un T.E. « vert » coûte donc plus du double! Voilà le coût de nos valeurs. Mais, si ces valeurs étaient généralisées, n’y aurait-il pas plutôt une pénalité pour l’utilisation de ressources naturelles et une prime pour celle de matières recyclées?
Nous aimons croire que d’ici quelques décennies, tout ce qui nous entoure sera recyclé, que toutes les voitures seront électriques et que le papier vierge n’existera plus. Mais pour en arriver là, c’est aujourd’hui qu’on doit donner le coup de pouce. C’est maintenant que les choix et les comportements verts ont besoin d’être encouragés et qu’il faut parfois en payer le prix. Il faut stimuler la demande, initier le cycle, atteindre la masse critique qui fera tourner la roue de l’économie verte. Pour qu’un jour, les produits « verts » soient plus abordables que les autres.