7 septembre 2020

Mets tes canettes dans ton bac! 

Lorsqu’une publicité s’adresse aux gens en leur disant que s’ils rapportent leurs contenants consignés ils seront bien recyclés, en prenant soin de bien marteler « c’est sûr », le premier réflexe qui nous vient est de répondre « Dans le bac aussi !». Mais lorsqu’une autre publicité dit aux gens de ne pas jeter ces mêmes contenants à la poubelle ou au recyclage, en mettant ces deux options sur le même pied d’égalité et en illustrant un bac de récupération à l’envers, difficile de ne pas le prendre comme un affront.

La nature même du monde publicitaire est de vanter une compagnie, un service, un produit. Le problème ici est dans le doute qu’installent ces publicités de Consignaction et Consigneco. Il est aussi permis de se demander jusqu’où RECYC-QUÉBEC, ayant comme mandat de promouvoir, développer et favoriser la réduction, le réemploi, la récupération et le recyclage, peut soutenir des organisations qui insinuent que le bac ne vaut pas mieux qu’un sac à ordures? Parce que ces publicités, qui flirtent avec la tendance des fake news, s’amusent volontairement à semer une petite graine de confusion dans le citoyen qui se demande alors : « est-ce que ma canette sera vraiment recyclée si je la dépose au bac?  Est-ce que ça ne revient pas à l’envoyer à l’enfouissement? » Réglons la question une fois pour toutes :  UNE CANETTE AU BAC = UNE CANETTE RECYCLÉE.

Toutes les canettes reçues au centre de tri sont séparées, ensachées et acheminées chez un recycleur. En fait, les sacs sortant des centres de tri prennent la même direction que ceux qui proviennent des gobeuses en épiceries ; tous ces sacs sont envoyés chez Tomra à Baie-D’Urfé. Qu’on utilise le bac de récupération pour se départir de ses contenants consignés ou qu’on les rapporte à l’épicerie, le résultat est exactement le même. Deux chemins, une destination. 

Alors pourquoi tant de haine? Pourquoi tenter d’ébranler la confiance des citoyens envers la collecte sélective? Pourquoi dénigrer, à tort, le travail fait en centre de tri et conséquemment, celui des vaillants trieurs? Parce qu’en bout de ligne, ce qui importe, c’est que les canettes soient recyclées. La seule différence entre la consigne et le bac de récupération est le 5 cents de la consigne. Rendu là, c’est au citoyen de prendre la décision à savoir s’il veut ravoir ce montant ou s’il choisit d’en faire une compensation volontaire pour son centre de tri. 

Parce que oui, nous ne pouvons pas nier que les centres de tri bénéficient financièrement des contenants consignés qui leur sont envoyés. Ce n’est pas un secret non plus qu’ils en ont grandement besoin. Pour Tricentris, les quantités supplémentaires de canettes que nous avons reçues suite à la suspension temporaire du système de consigne pendant la pandémie, et que nous continuons de recevoir avec sa reprise partielle, doublent les revenus associés à cette matière sur une base annuelle. Un apport essentiel surtout lorsque, comme maintenant, les marchés pour les autres matières connaissent des bas historiques et que la vente de ces dernières ne couvre pas nécessairement les coûts de production. Les revenus provenant des contenants consignés ont donc assuré en partie la survie des centres de tri. Et à titre de comparaison, en Ontario, là où les canettes de boissons gazeuses ne sont pas consignées, l’aluminium représente 25 % des ventes totales des centres de tri alors que cette même matière représente 13 % au Québec, incluant la consigne.   

L’objectif ici n’est pas de discréditer la consigne. Il s’agit d’un système parfait pour tous les contenants à remplissages multiples (CRM). Après tout, la réduction et la réutilisation viennent avant le recyclage dans les 3R. Pour les bouteilles de bière brunes homogènes ou encore pour les cruches de 18 litres d’eau, cela fonctionne très bien. Mais lorsqu’il est question d’une consigne sur un contenant à remplissage unique (CRU), est-ce vraiment nécessaire? Parce qu’en effet, la canette d’aluminium ne sera pas lavée, désinfectée et remplie de nouveau. Elle sera plutôt fondue et utilisée pour la fabrication de multiples produits à base d’aluminium recyclé. Et notons ici qu’il n’y a pas de fabricants de canettes au Québec. Comme la canette n’est pas réutilisée dans sa forme initiale, il n’y a donc pas de valeur ajoutée à la rapporter à l’épicerie. 

Il faut simplement arrêter de consigner le contenu au lieu du contenant. Pourquoi la canette de V8 irait au bac sans hésitation et que le même geste ne serait pas assez bon pour celle de 7up? Expliquez-nous la différence quelqu’un! Ne prouve-t-on pas justement que le bac fonctionne déjà? Quand le contenant n’a pas été conçu pour être réutilisé sans avoir à être transformé, peut-on laisser faire la consigne?

À l’époque où la collecte sélective n’était pas très répandue au Québec, la consigne sur les CRU apparaissait également comme une solution intéressante. Mais disons que maintenant, alors que 99 % de la population y a accès, la même logique est plus ou moins valable. Le bac de récupération est une habitude bien ancrée dans le quotidien des gens, et si simple. Il suffit d’y mettre les matières visées pêle-mêle et le camion de collecte ramasse le tout directement à la maison. Et ce n’est pas parce que c’est simple que ce n’est pas noble. Nous ne le dirons jamais assez : la collecte sélective est le transport en commun des matières recyclables. Pourquoi s’entêter à retirer des matières du bac et leur offrir un système de collecte en parallèle lorsqu’il y en a déjà un fonctionnel en place?

La consigne n’achète pas non plus de l’éducation ou de la sensibilisation. Quelqu’un qui a décidé d’abandonner son contenant consigné dans l’environnement ne changera pas d’idée parce qu’il vaut quelques sous. Alors pourquoi ne pas transposer tout le temps, l’argent et la dévotion dont profite ce dédoublement du système et l’investir plutôt dans la recherche et le développement de marchés pour des matières qui sont actuellement orphelines de débouchés?

Au final, c’est certain que nous allons prêcher pour notre paroisse et prôner l’utilisation du bac. Mais nous tenions à anéantir tout doute possible quant à notre efficacité à récupérer vos canettes. Chez Tricentris, nous sommes plus de 300 employés à nous consacrer tous les jours à la valorisation des matières recyclables reçues via la collecte sélective. Et pour nous, il n’y a pas d’option plus simple pour les canettes. Nul besoin de les accumuler, les rapporter à l’épicerie, les enfiler une à une dans la gobeuse, réclamer son dû et répéter l’exercice à toutes les quelques semaines. Une étape. Dans le bac. Boom. Fini. (Et évidemment, bien recyclées. C’est sûr!)

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