9 juillet 2024

voici partage club

Vous les avez peut-être vues Dans l’œil du dragon au printemps dernier, émission télévisée pendant laquelle des entrepreneurs ambitieux présentent leur entreprise ou leur invention devant un panel de gens d’affaires dans l’espoir de les convaincre d’investir. Preuve de la pertinence de Partage Club, les cofondatrices Fauve Doucet et Anaïs Majidier ont reçu pas moins de trois offres d’investissement, sur une possibilité de cinq, de ceux qu’on surnomme affectueusement les dragons. Ils ont été séduits par cette application de partage d’objets dans la communauté qui permet de prêter et d’emprunter entre voisins.

L’idée provient de l’inconfort de Fauve Doucet, maman de deux enfants, face à la quantité de nouveaux jouets qui s’accumulaient à chaque anniversaire et à chaque période des Fêtes. Voulant mettre de l’avant des valeurs différentes au sein de sa famille, elle a réfléchi à ce qui pouvait être fait autrement, plutôt que de toujours acheter. Des cours sur l’économie de partage et sur la décroissance lui ont permis de découvrir plusieurs modes de consommation durable. Elle songe alors à bâtir le plus grand catalogue de jouets échangeables entre parents. Rapidement, elle réalise que la problématique ne s’applique pas seulement aux articles pour enfants, mais aussi à ceux qu’on retrouve dans la cuisine, dans le garage et toutes les autres pièces de la maison.

Forte d’une expérience de travail en marketing et en publicité, et dotée d’un esprit d’affaire affûté, madame Doucet amorce une étude de marché en créant plusieurs groupes Facebook ciblant des quartiers différents pour tester l’intérêt des gens. Avec l’accueil positif que reçoit alors le concept, l’idée de développer une application pour faciliter le partage à grande échelle s’ensuit.

À la base, n’importe qui peut s’inscrire en téléchargeant l’application. Cette dernière fonctionne avec la géolocalisation et permet aux utilisateurs, en échange d’un frais d’adhésion de 60 $ par année, d’afficher les objets qu’ils rendent disponibles pour le prêt, de faire des emprunts illimités parmi ce qui est offert et d’entrer en contact pour coordonner ces échanges. La valeur moyenne des objets qui sont empruntés est de 150 $ et 80 % des besoins sont répondus en moins de 24 heures. « Le défi avec le Partage Club, c’est qu’il faut qu’il y ait une masse critique pour que ça fonctionne. On ne peut pas être seul sur une application de partage » explique Anaïs Majidier, vice-présidente marketing et service aux membres.

C’est pourquoi tout a déboulé quand l’équipe de Partage Club a été approchée par des gens en ressources humaines qui cherchaient des nouveaux types d’avantages et de bénéfices pour les employés. Il n’en fallait pas plus pour développer le volet entreprise de l’application. Puis, le volet immobilier est arrivé via des promoteurs qui souhaitaient offrir l’abonnement à tous les résidents de leur tour à condos. Aujourd’hui, le Partage Club compte aussi parmi leurs clients des universités, où tous les étudiants ont accès à l’application. Des scénarios créés sur mesure pour le concept de partage puisqu’ils regroupent la densité, la proximité et la confiance. Finalement, la municipalité de Crabtree dans Lanaudière est à l’origine du volet municipal en offrant l’abonnement à leurs citoyens. « Pour nous, il s’agit d’un volet très pertinent car non seulement les villes ont un rôle à jouer aujourd’hui dans l’accélération de la transition socioécologique, mais en plus, les citoyens aiment avoir accès à de nouveaux avantages. On revient ici à la base de ce qu’est le Partage Club, c’est-à-dire des voisins qui se prêtent entre eux des choses » ajoute madame Majidier.

Un an seulement après son lancement, le Partage Club compte plus de 13 500 membres. L’équipe œuvre déjà à se diversifier en exportant le concept hors de la province et en adaptant leur technologie pour que des milieux professionnels variés tels que les festivals, l’agriculture et la scène et les arts, puissent mutualiser entre eux de l’équipement spécialisé. Il en va de même pour les municipalités d’une même MRC qui pourraient s’échanger des panneaux de sécurité, des chapiteaux, des décorations, etc. « Leaders dans la mutualisation à grande échelle », c’est le souhait de Partage Club. 

Pour le moment, seul un code d’honneur unit les membres de l’application qui s’engagent à toujours remettre l’objet dans l’état dans lequel il a été emprunté. Et pour ceux qui croient que cela pourrait être un frein au partage, la réalité est qu’on retrouve plus d’objets pour le prêt sur l’application que le nombre d’emprunts effectués. À ce sujet, madame Majidier nous confie : « On n’est pas naïfs non plus. Notre communauté actuelle est bienveillante et composée de gens qui veulent faire un changement. Lorsque nous aurons pénétré 60 % du marché, notre discours sera peut-être différent. Ne serait-ce que pour rassurer nos membres, nous visons à intégrer des assurances dans le Partage Club d’ici à la fin de l’année. »

En plus de son impact environnemental favorisant la réduction et le réemploi, le Partage Club a aussi une portée économique en évitant aux membres de dépenser pour des objets qu’ils n’utilisent pas souvent, et sociale. « Le côté humain du Partage Club, je ne l’avais pas vu venir. Ça me fait vraiment chaud au cœur. Aujourd’hui, nous recevons des témoignages touchants de certains membres qui ont créé des liens grâce à l’application. » conclut madame Majidier.

Article tiré du bulletin Tricentris Express de juin 2024. Cliquer ici pour télécharger le numéro complet.

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